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les bords de l’Araxe, apaisa les troubles de la Perse, et retourna lentement dans sa capitale après une campagne de quatre ans et neuf mois.

Son triomphe à Samarcande. A. D. 1404. Juillet. A. D. 1405, 8 janvier.

Dans un court intervalle de repos, Timour déploya sur le trône de Samarcande[1] la magnificence et l’autorité d’un monarque riche et puissant. Il écouta les plaintes des peuples, distribua dans de justes proportions les châtimens et les récompenses, fit élever des temples et des palais, et donna audience aux ambassadeurs de l’Égypte, de l’Arabie, de l’Inde, de la Tartarie, de la Russie et de l’Espagne : ce dernier lui présenta une magnifique tenture de tapisserie qui éclipsait les productions des peintres orientaux. L’empereur célébra les noces de six de ses petits-fils ; ce qui fut regardé comme un acte de religion aussi bien que de tendresse paternelle. Ces fêtes, ou reparut toute la pompe des anciens califes, eurent lieu dans les jardins de Canighul, qu’on décora d’un grand nombre de tentes et de pavillons où se déployaient le luxe d’une grande ville et les trophées d’une armée victorieuse. On abattit des forêts entières pour l’usage des cuisines ; la plaine était couverte de pyramides de viandes, et de vases remplis de différentes liqueurs ; des milliers de convives étaient invités avec courtoisie à participer au festin. Les différents ordres de l’état, les représentans des différentes nations de

  1. Pour le retour, le triomphe et la mort de Timour, voyez Sherefeddin (l. VI, c. 1-30), et Arabshah (t. II, c. 35-47).