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le tribut exigé précédemment par le sultan des Turcs, et ratifia ce traité par un serment d’obéissance dont il put se croire absous dès que le Tartare eut évacué l’Anatolie. Mais l’inquiétude et la terreur qui avaient saisi les nations attribuèrent à l’ambitieux Timour le projet romanesque de conquérir l’Égypte et l’Afrique, depuis le Nil jusqu’à l’Océan Atlantique, d’entrer en Europe par le détroit de Gibraltar, et de revenir par les déserts de la Russie et de la Tartarie, après avoir subjugué toutes les puissances de la chrétienté. La soumission du sultan d’Égypte détourna ce danger éloigné ou peut-être imaginaire. Au Caire, les honneurs de la prière et le coin des monnaies attestèrent la suprématie du prince mongoul ; et Samarcande scella la soumission de l’Afrique du tribut de neuf autruches et d’une giraffe ou caméléopard, présent rare et précieux. L’imagination n’est pas moins étonnée de l’idée d’un conquérant mongoul qui médite et exécute presque de son camp devant Smyrne l’invasion de l’empire chinois[1]. Le zèle religieux et l’honneur national l’invitaient à cette entreprise. Le sang des Ottomans

    feddin, l. V, c. 54) furent confondus avec les petits souverains chrétiens de Gallipoli et de Thessalonique, sous le titre de Tekkur, dérivé par corruption de το‌υ κυριο‌υ (Cantemir, p. 51).

  1. Voyez Sherefeddin (l. V, c. 4), qui décrit dans un Itinéraire exact la route de la Chine, qu’Arabshah (t. II, c. 33) n’indique que d’une manière vague et par des phrases de rhéteur.