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myriades de soldats à cheval ne possédait pas une seule galère. Les deux passages du Bosphore et de l’Hellespont, de Constantinople et de Gallipoli, étaient, l’un entre les mains des chrétiens, et l’autre dans celles des Turcs. Dans ce danger pressant, ils oublièrent la différence de religion pour agir de concert et avec fermeté en faveur de la cause commune. Les deux détroits furent garnis de vaisseaux et de fortifications ; les deux nations refusèrent à Timour les bâtimens de transport et il leur demanda successivement sous le prétexte d’attaquer leur ennemi. Elles flattèrent en même temps son orgueil par des tributs, par des ambassades suppliantes, et tâchèrent prudemment de l’engager à la retraite, en lui accordant d’avance tous les honneurs de la victoire. Soliman, fils de Bajazet, implora sa clémence pour son père et pour lui-même, reçut dans une patente écrite en rouge l’investiture du royaume de la Romanie, qu’il possédait déjà par droit de conquête, et témoigna son ardent désir de pouvoir se jeter en personne aux pieds du monarque de l’univers. L’empereur grec, soit Jean ou Manuel[1], se soumit à lui payer

    et instruit les détroits de Gallipoli et de Constantinople. Pour acquérir une juste idée de ces événemens, j’ai comparé les récits et les préjugés des Mongouls, des Turcs, des Grecs et des Arabes. L’ambassadeur d’Espagne parle de l’union des chrétiens avec les Ottomans pour la défense commune (Vie de Timour, p. 96).

  1. Lorsque le titre de César eut été transporté aux sultans de Roum, les princes grecs de Constantinople (Shere-