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tes de succès, l’empereur jugeant l’occasion digne de lui, faisait avancer son étendard et le corps de bataille, qu’il conduisait en personne[1]. Mais à la bataille d’Angora, le corps de bataille fut lui-même soutenu sur les flancs et sur les derrières par les plus braves escadrons de réserve, que commandaient les fils et les petits-fils de Timour. Le destructeur de l’Indoustan déployait orgueilleusement une ligne d’éléphans, trophée plutôt qu’instrument de ses victoires. L’usage des feux grégeois était commun aux Mongouls et aux Ottomans. Mais si l’une des deux nations eût emprunté de l’Europe l’invention récente de la poudre et des canons, ce tonnerre artificiel aurait probablement assuré la victoire à celle qui s’en serait servi[2]. Bajazet se distingua dans cette journée comme général et comme soldat ; mais il fallut céder à l’ascendant de son rival. Par différens motifs, la plus grande partie de ses troupes l’abandonnèrent dans le moment décisif. Sa rigueur et son avarice avaient excité une sédition parmi les Turcs, et son fils Soliman se retira

  1. Le sultan lui-même, dit Timour, doit placer courageusement son pied dans l’étrier de la patience : cette métaphore tartare omise dans la traduction anglaise, a été conservée par le traducteur français des Institutions (p. 156, 157).
  2. Sherefeddin affirme que Timour se servit du feu grégeois (l. V, c. 47) ; mais le silence universel des contemporains réfute l’étrange soupçon de Voltaire, qui suppose que des canons où sont gravés des caractères inconnus, ont été envoyés à Delhi par ce monarque.