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ne reconnaissait plus de souverain légitime depuis la mort d’Abousaïd, dernier descendant du grand Houlacou. La paix et la justice étaient depuis quarante ans exilées de cette terre ; et Timour, en l’envahissant, semblait répondre à la voix d’un peuple opprimé ; les petits tyrans qui l’accablaient auraient pu se défendre en se réunissant ; ils combattirent séparément et succombèrent tous, sans autre différence dans leur destinée que celle qu’y put apporter la promptitude de la soumission ou l’opiniâtreté de la résistance. Ibrahim, prince de Shirwan ou d’Albanie, baisa le marchepied du trône impérial et offrit au souverain des présens de soie, de chevaux et de bijoux, dont chaque article, selon l’usage des Tartares, était composé de neuf objets. Cependant un spectateur observa qu’il n’avait présenté que huit esclaves : « Je suis le neuvième, » répondit Ibrahim, qui s’attendait au reproche, et Timour récompensa cette adulation d’un sourire[1]. Shah Mansour, prince du Fars ou de la Perse proprement dite, et le moins puissant de ses ennemis, se montra le plus redoutable. Dans une bataille sous les murs de Shiray, il mit en désordre, avec trois ou quatre mille soldats, le coul ou corps de bataille de trente mille hommes de cavalerie, où Timour combattait en personne. Il ne restait autour de celui-ci

  1. Abulghazi-kan cite la vénération des Tartares pour le nombre mystérieux de neuf, et divise par ce motif son histoire généalogique en neuf parties.