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ces époques d’anarchie qui annoncent la chute des dynasties asiatiques et ouvrent une nouvelle carrière à l’ambition audacieuse. La famille des kans de Zagatai était éteinte, les émirs aspiraient à l’indépendance, et leurs dissensions ne purent être suspendues que par la conquête et la tyrannie des kans du Kashgar, qui, avec le secours d’une armée de Gètes ou de Calmoucks[1], avaient envahi la Transoxiane. [Ses premières aventures. A. D. 1361-1370.]Timour avait à peine douze ans lorsqu’il fit ses premières armes ; à vingt-cinq ans, il entreprit de délivrer son pays. Les regards et le vœu des peuples se tournèrent vers un héros qui souffrait pour leur cause ; les principaux officiers civils et militaires avaient juré, sur le salut de leur âme, de le soutenir aux dépens de leur fortune et de leur vie ; mais au moment du danger, ils tremblèrent et gardèrent le silence. Après avoir attendu en vain, durant sept jours, sur les collines de Samarcande, il se retira dans le désert avec soixante cavaliers. Atteint dans sa fuite par un corps de mille Gètes, il les repoussa

    nom de Saheb-Keran, ou Maître des conjonctions (Bibl. orient., p. 878).

  1. Les Institutions de Timour donnent très-improprement aux sujets du kan de Kahsgar le nom d’Ouzbegs ou Uzbeks ; ce nom appartenait à une autre race de Tartares qui habitait un pays différent (Abulghazi, part. V, c. 5, part. VII, c. 5). Si j’étais bien sûr que ce nom se trouvât dans l’original turc, je n’hésiterais pas à prononcer que les Institutions furent composées un siècle après la mort de Timour, depuis l’établissement des Uzbeks dans la Transoxiane.