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nativement pour l’attaque et pour la défense les machines de guerre des anciens et le feu grégeois : il paraît qu’on était déjà familiarisé avec l’usage de la poudre, des bombes et des canons[1]. Les siéges étaient dirigés par des mahométans et par des Francs, que les libéralités de Cublai attiraient à son service. Après avoir passé la grande rivière, les troupes et l’artillerie furent transportées, sur une longue suite de différens canaux, jusqu’à la résidence royale de Hamcheu ou Quinsay dans le pays où se fabrique la soie, et le plus délicieux climat de la Chine. L’empereur, prince jeune et timide, se rendit sans résistance, et avant de partir pour son exil, au fond de la Tartarie, frappa neuf fois la terre de son front, soit pour implorer la clémence du grand kan ou pour lui rendre grâces. Cependant la guerre, désor-

  1. Je me fie à l’érudition et à l’exactitude du P. Gaubil, qui traduit le texte chinois des Annales mongoules ou d’Yuen (p. 71, 93, 153) ; mais j’ignore dans quel temps ces Annales furent composées et publiées. Les deux oncles de Marc-Paul, qui servaient comme ingénieurs au siége de Siengyangfou (l. II, c. 61, in Ramusio, t. II ; voyez Gaubil, p. 155-157), devraient avoir connu et raconté les effets de cette poudre destructive, et leur silence est une objection qui paraît presque décisive. Je soupçonne que la découverte récente fut portée d’Europe en Chine par les caravanes du quinzième siècle, et adoptée faussement comme une ancienne découverte nationale antérieure à l’arrivée des Portugais et des jésuites. Cependant le P. Gaubil affirme que l’usage de la poudre est connu en Chine depuis plus de seize cents ans.