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fications, offensa les marchands de Péra, et durant l’absence de l’empereur qu’une maladie retenait à Démotica, ils bravèrent le faible gouvernement de l’impératrice. Ces audacieux républicains attaquèrent et coulèrent bas un vaisseau de Constantinople, qui avait osé pêcher à l’entrée du port ; ils en massacrèrent l’équipage, et ensuite, au lieu de solliciter leur pardon, ils osèrent demander satisfaction. Ils prétendirent que les Grecs renonçassent à tout exercice de navigation, et repoussèrent avec des forces régulières les premiers mouvemens de l’indignation du peuple. Tous les Génois de la colonie, sans distinction de sexe ni d’âge, travaillèrent avec une diligence incroyable à occuper le terrain qu’on leur refusait, à élever un mur solide, et à l’environner d’un fossé profond. En même temps, ils attaquèrent et brûlèrent deux galères byzantines. Trois autres, dans lesquelles consistaient les restes de la marine impériale, prirent la fuite pour éviter le même sort. Toutes les habitations situées hors du port ou le long du rivage furent pillées et détruites ; le régent et l’impératrice ne s’occupèrent que de défendre la capitale. Le retour de Cantacuzène calma l’alarme publique. L’empereur inclinait pour des mesures pacifiques ; mais ses ennemis refusèrent toutes les propositions raisonnables, et il céda à l’ardeur de ses sujets, qui menaçaient les Génois, dans le style de l’Écriture, de les briser comme un vase d’argile, et qui payèrent cependant avec répugnance les taxes imposées pour la construction des vaisseaux et les dépenses de la guerre. Les