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pal établissement. Les Grecs, totalement dépourvus de vaisseaux, étaient à la merci de ces audacieux marchands, qui approvisionnaient ou affamaient Constantinople au gré de leur caprice ou de leur intérêt. Les Génois s’approprièrent la pêche, les douanes et jusqu’aux droits seigneuriaux du Bosphore, dont ils tiraient un revenu de deux cent mille pièces d’or ; et c’était avec répugnance qu’ils en laissaient trente mille à l’empereur[1], La colonie de Péra ou Galata agissait soit en temps de paix, soit en temps de guerre, comme un état indépendant ; et le podestat génois oubliait souvent, comme cela arrivera toujours dans les établissemens éloignés, qu’il dépendait de la république.

Guerre des Génois contre l’empereur Cantacuzène. A. D. 1348.

L’insolence des Génois fut encouragée par la faiblesse d’Andronic l’ancien et par les guerres civiles qui affligèrent sa vieillesse et la minorité de son petit-fils. Les talens de Cantacuzène furent employés à ruiner l’empire plutôt qu’à le défendre ; et après avoir terminé victorieusement la guerre civile, il se trouva réduit à la honte de faire juger qui des Grecs ou des Génois devait régner à Constantinople. Le refus de quelques terres voisines, de quelques hauteurs où ils voulaient construire de nouvelles forti-

    cieux et bien instruit, en parlant du commerce et des colonies de la mer Noire. Chardin décrit les ruines de Caffa, où il vit en quarante jours plus de quatre cents voiles employées au commerce de graine et de poisson (Voyages de Perse, t. I, p. 46-48).

  1. Voyez Nicéph. Grég., l. XVII, c. 1.