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Établissement des Génois à Péra ou Galata. A. D. 1261-1347.

J’ai réservé pour la fin de ce chapitre la guerre des Génois, qui ébranla le trône de Cantacuzène et démontra la faiblesse de l’empire. Les Génois qui occupaient le faubourg de Péra ou Galata depuis que les Latins avaient été chassés de Constantinople, recevaient cet honorable fief de la bonté du souverain : on leur permettait de conserver leurs lois et d’obéir à leurs magistrats particuliers, mais en se soumettant aux devoirs de vassaux et de sujets. On emprunta des Latins la dénomination expressive d’hommes liges[1], et leur podestat ou chef, avant de prendre possession de son office, prêtait à l’empereur le serment de fidélité. Gènes fit avec les Grecs une alliance solide, et s’engagea à fournir à l’empire, en cas de guerre défensive, une flotte de cent galères, dont la moitié devait être armée et équipée aux frais de la république. Michel Paléologue s’attacha durant son règne à relever la marine nationale, afin de ne plus dépendre d’un secours étranger ; et la vigueur de son gouvernement contint les Génois de Galata dans les bornes que l’insolence de la richesse et l’esprit républicain les disposaient souvent à franchir. Un de leurs matelots se vanta un jour que ses compa-

    (Biblioth, græc., t. X, p. 462-473), ou plutôt Montfaucon, d’après des manuscrits de la bibliothéque de Coislin, ont ajouté quelques faits et quelques documens.

  1. Pachymères (l. V, c. 10) traduit très-bien λιξιο‌υς (ligios) par ιδιο‌υς. Les Glossaires de Ducange enseignent amplement l’usage de ces mots en grec et en latin sous le règne féodal (Græc, p. 811, 812 ; Latin., t. IV, p. 109-111).