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le règne d’Andronic le jeune, ces couvens reçurent la visite de Barlaam, moine de la Calabre[1], également versé dans la philosophie et la théologie, dans la langue des Grecs et celle des Romains, et dont le génie souple pouvait, selon l’intérêt du moment, soutenir leurs opinions opposées ; un solitaire indiscret révéla au voyageur les mystères de l’oraison mentale ou contemplative. Barlaam ne laissa point échapper l’occasion de ridiculiser les quiétistes qui plaçaient l’âme dans le nombril, et d’accuser les moines du mont Athos d’hérésie et de blasphème. Ses argumens forcèrent les plus instruits à renoncer aux opinions peu approfondies de leurs frères ou du moins à les dissimuler, et Grégoire Palamas introduisit une distinction scolastique entre l’essence de Dieu et son opération. Son essence inaccessible réside, selon Grégoire, au milieu d’une lumière éternelle et incréée, et cette vision béatifique des saints s’était manifestée aux disciples du mont Thabor, dans la transfiguration de Jésus-Christ. Mais cette distinction ne put se soustraire au reproche de polythéisme ; Barlaam nia avec violence l’éternité de la lumière du mont Thabor, et accusa les palamites de reconnaître deux substances éternelles ou deux divinités, l’une visible et l’autre invisible. Du mont

  1. Basnage (in Canisii antiq. Lect., t. IV, p. 363-368) a examiné l’histoire et le caractère de Barlaam. La contradiction de ses opinions en différentes circonstances a fait naître des doutes sur l’identité de sa personne. Voyez aussi Fabricius, Bibl. græc., t. X, p. 427-432.