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monastère du mont Athos, le moine Josaphat fut toujours respecté comme le père temporel et spirituel de l’empereur, et il ne sortit de sa retraite que comme ministre de paix, pour vaincre l’obstination et obtenir le pardon de son fils rebelle[1].

Dispute concernant la lumière du mont Thabor. A. D. 1341-1351.

Cependant Cantacuzène exerça dans le cloître son esprit à la guerre théologique. Il aiguisa contre les Juifs et contre les mahométans tous les traits de la controverse[2] ; et, dans toutes les situations de sa vie, défendit avec un zèle égal la lumière divine du mont Thabor, question mémorable, et chef-d’œuvre de la folie religieuse des Grecs. Les faquirs de l’Inde[3] et les moines de l’Église orientale étaient également persuadés que dans l’abstraction totale des facultés du corps et de l’imagination, le pur es-

  1. Cantacuzène reçut dans l’année 1375 une lettre du pape (Fleury, Hist. ecclés., t. XX, p. 250) ; et des autorités respectables placent sa mort au 20 novembre 1411 (Duc., Fam. byzant., p. 260). Mais s’il était de l’âge d’Andronic le jeune, compagnon de sa jeunesse et de ses plaisirs, il faut qu’il ait vécu cent seize ans, et cette longue carrière d’un si illustre personnage aurait été généralement remarquée.
  2. Ses quatre discours ou livres furent imprimés à Bâle en 1543 (Fabricius, Bibl. græc., t. VI, p. 473) ; il les composa pour tranquilliser un prosélyte que ses amis d’Ispahan persécutaient continuellement de leurs lettres. Cantacuzène avait lu le Koran ; mais je vois, d’après Maracci, qu’il adoptait toutes les fables que l’on débitait contre Mahomet et sa religion.
  3. Voyez les Voyages de Bernier, t. I, p. 127.