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quel Isaac accorda pour récompense la dignité de patriarche, lui annonça que durant un règne heureux de trente-deux ans, il étendrait son empire jusqu’au mont Liban et ses conquêtes au-delà de l’Euphrate. Mais sa seule démarche à l’appui de cette prédiction, fut de réclamer de Saladin[1], par une ambassade scandaleuse autant que fastueuse, la restitution du Saint-Sépulcre, et de proposer à l’ennemi du nom chrétien une alliance défensive et offensive. Entre les indignes mains d’Isaac et de son frère, les débris de l’Empire grec furent abaissés jusque dans la poussière. L’île de Chypre, dont le nom réveille les idées de l’élégance et du plaisir, fut envahie par un prince de la maison des Comnène ; et, par un singulier enchaînement de circonstances, la valeur de Richard d’Angleterre fit passer ce royaume à la maison de Lusignan, pour qui il compensa richement la perte de Jérusalem.

Révolte des Bulgares. A. D. 1186.

La révolte des Valaques et des Bulgares fut également honteuse pour la monarchie et inquiétante pour la capitale. Depuis la victoire de Basile II, ils avaient conservé durant plus de cent soixante-dix ans aux princes de Byzance une soumission très-peu gênante, mais on n’avait point essayé par quelque

  1. Voyez Bohadin (vit. Saladin., p. 129-131, 226, vers. Schultens). L’ambassadeur d’Isaac parlait également le français, le grec et l’arabe, et c’est un phénomène pour ce siècle. On reçut honorablement ses ambassades ; mais elles ne produisirent d’autre effet que beaucoup de scandale dans l’Occident.