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sa conduite précédente n’autorise à penser qu’il eût formé aucun dessein coupable ; la seule chose du moins qui pût le faire soupçonner, serait la véhémence de ses protestations réitérées d’innocence, et les éloges qu’il donne à la sublime pureté de sa vertu. Tandis que l’impératrice et le patriarche conservaient encore avec lui les apparences de l’amitié, il sollicita, à plusieurs reprises, la permission d’abandonner la régence et de se retirer dans un monastère. Lorsqu’on l’eut déclaré ennemi public, Cantacuzène résolut d’aller se jeter aux pieds du prince, et de présenter sa tête à l’exécuteur sans murmure et sans résistance. Ce ne fut qu’avec répugnance qu’il prêta l’oreille à la voix de la raison, sentit qu’il était de son devoir de sauver sa famille et ses amis, et qu’il n’y pouvait réussir qu’en prenant les armes et le titre de souverain.

Cantacuzène prend la pourpre. A. D. 1341. 26 oct.

Ce fut dans la forteresse de Demotica, son patrimoine particulier, que l’empereur Jean Cantacuzène prit les brodequins pourpres. Sa jambe droite fut chaussée par ses nobles parens, et la gauche par les chefs latins auxquels il avait conféré l’ordre de la chevalerie. Mais s’attachant à conserver encore dans sa révolte les formes de la fidélité, il fit proclamer les noms de Paléologue et d’Anne de Savoie avant le sien et celui d’Irène son épouse. Une vaine céré-

    les vertus de Cantacuzène, les vices honteux et le crime d’Apocaucus, et ne dissimule point ses motifs d’inimitié personnelle et religieuse pour le premier ; νυν δε δια κακιαν αλλων, αιτιος ο πραοτατος της των ολων εδοξεν ειναι φθορας.