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composé la prolixe et languissante histoire de cette époque. Le nom et la situation de l’empereur Jean Cantacuzène, doivent sans doute attirer une vive curiosité sur ses ouvrages. Ses Mémoires comprennent un espace de quarante années, depuis la révolte d’Andronic le jeune, jusqu’au moment où il abdiqua lui-même l’empire ; et l’on a remarqué qu’il était, comme Moïse et César, le principal acteur des scènes qu’il décrit. Mais dans son éloquent ouvrage on chercherait en vain la sincérité d’un héros ou d’un pénitent ; retiré dans un cloître, loin des vices et des passions du monde, il présente moins une confession qu’une apologie de la vie d’un politique ambitieux. Au lieu de développer les caractères et les desseins des hommes, il ne présente que la surface spécieuse et adoucie des événemens, colorés des louanges qu’il se donne ainsi qu’à ses partisans. Leurs motifs sont toujours purs, et leur but légitime. Ils conspirent et se révoltent sans aucune vue d’intérêt, et les violences qu’ils exercent ou tolèrent, sont toujours louées comme les effets naturels de la raison et de la vertu.

Premières querelles entre les deux Andronic. A. D. 1320.

À l’imitation du premier des Paléologue, Andronic l’ancien associa son fils Michel aux honneurs de la pourpre ; et depuis l’âge de dix-huit ans jusqu’à sa mort prématurée, ce prince fut considéré durant plus de vingt-cinq ans comme le second empereur

    comme d’une représentation fausse et malveillante de sa conduite.