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pied de son siége, et le replacèrent, sans être aperçus, orné d’une caricature des plus satiriques. L’empereur y paraissait avec une bride dans sa bouche ; Athanase tenait les rênes, et conduisait aux pieds du Christ le docile animal. On découvrit et l’on punit les auteurs de cette insulte ; mais le patriarche, indigné de ce qu’on avait épargné leur vie, se retira une seconde fois dans sa cellule, et les yeux d’Andronic, ouverts pour un instant, se refermèrent sous son successeur.

Si cette transaction est une des plus curieuses et des plus intéressantes d’un règne de cinquante ans, je ne puis du moins me plaindre de la rareté des matériaux, lorsque je réduis en un petit nombre de pages les énormes in-folio de Pachymères[1], de Cantacuzène[2] et de Nicéphore Grégoras[3], qui ont

  1. Pachymères, dans sept livres en 377 pages in-folio, donne l’histoire des trente-six premières années d’Andronic l’ancien, et fait connaître la date de son ouvrage par les nouvelles ou mensonges courans du jour (A. D. 1308). La mort ou le dégoût l’empêchèrent de continuer.
  2. Après un intervalle de deux ans depuis le moment où finit l’ouvrage de Pachymères, Cantacuzène prend la plume, et son premier livre (c. 6-59, p. 9-150) renferme le récit des guerres civiles et des huit dernières années du règne d’Andronic l’ancien. Le président Cousin, son traducteur, est l’auteur de la comparaison ingénieuse de Moïse et de César.
  3. Nicéphore Grégoras raconte en raccourci le règne et la vie entière d’Andronic l’ancien (l. VI, c. 1 ; l. X, c. 1, p. 96-291). C’est de cette partie que Cantacuzène se plaint,