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faisait sa résidence ; les Alains de la garde le poignardèrent dans l’appartement et en présence de l’impératrice ; et quoiqu’on ait prétendu qu’ils l’avaient immolé à leur vengeance particulière, ses compatriotes, tranquilles à Constantinople sur la foi des traités, furent enveloppés dans une proscription prononcée par le prince et le peuple. La plus grande partie de ces aventuriers, intimidés par la perte de leur chef, se réfugièrent sur leurs vaisseaux, mirent à la voile et se répandirent sur les côtes de la Méditerranée. Mais une vieille bande, composée de quinze cents Catalans ou Français, se maintint dans la forteresse de Gallipoli sur l’Hellespont : ils y déployèrent la bannière d’Aragon, et offrirent de justifier et de venger leur général par un combat de dix ou de cent guerriers contre un nombre égal de leurs ennemis. Au lieu d’accepter cet audacieux défi, l’empereur Michel, fils et collègue d’Andronic, résolut de les écraser sous le nombre. Il vint à bout, en épuisant toutes les ressources de l’empire, de rassembler une armée de treize mille chevaux et de trente mille hommes d’infanterie : les vaisseaux grecs et génois couvrirent la Propontide. Dans deux batailles consécutives, les Catalans, animés par le désespoir et dirigés par la discipline, triomphèrent sur mer et sur terre de ces forces imposantes. Le jeune empereur s’enfuit dans son palais, et laissa un corps de cavalerie légère, insuffisant pour la défense du pays. Ces victoires ranimèrent l’espoir des aventuriers et augmentèrent bientôt leur nombre. Des guerriers de toutes