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sine vers Constantinople, suivi de dix-huit galères, quatre gros vaisseaux et huit mille aventuriers. Andronic l’ancien exécuta fidèlement le traité préliminaire que le général avait dicté avant de quitter la Sicile, et reçut ce formidable secours avec un mélange de joie et de terreur. On logea Roger dans un palais ; et l’empereur donna sa nièce en mariage au vaillant étranger, qu’il décora aussitôt du titre de grand-duc ou d’amiral de la Romanie. Après quelque temps de repos, il transporta ses troupes au-delà de la Propontide, et attaqua hardiment les Turcs. Trente mille musulmans périrent dans deux batailles sanglantes ; Roger fit lever le siége de Philadelphie, et mérita d’être nommé le libérateur de l’Asie. Mais l’esclavage et la ruine de cette malheureuse province furent bientôt la suite de cette courte prospérité. Les habitans, dit un historien, s’échappèrent de la fumée pour tomber dans les flammes : les hostilités des Turcs étaient moins funestes que l’amitié des Catalans. Ils considéraient comme leur propriété la vie et la fortune de ceux qu’ils avaient sauvés ; les jeunes filles n’avaient échappé à des amans circoncis que pour passer de gré ou de force dans les bras des soldats chrétiens ; la perception des amendes et des subsides était accompagnée de rapines sans frein et d’exécutions arbitraires, et le grand-duc assiégea Magnésie, ville de l’Empire, pour la punir de la ré-

    fait apercevoir de légères erreurs qui se sont glissées dans celle de Gibbon. (Note de l’Éditeur.)