Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de Naples à seconder cette sainte entreprise de ses troupes et de sa personne. [Il menace l’empire grec. A. D. 1270, etc.]La mort de Saint-Louis le débarrassa du joug importun d’un censeur vertueux. Le roi de Tunis se reconnut vassal et tributaire de la couronne de Sicile ; et les plus intrépides des chevaliers français eurent la liberté de marcher sous sa bannière contre l’empire grec. Un mariage et un traité réunirent ses intérêts à ceux de la maison de Courtenai ; il promit sa fille Béatrix à Philippe, fils et héritier de l’empereur Baudouin ; on accorda à celui-ci une pension de six cents onces d’or pour soutenir sa dignité ; son père distribua généreusement à ses alliés les royaumes et les provinces de l’Orient, ne réservant pour lui que la ville de Constantinople et ses environs, jusqu’à la distance d’une journée de marche[1]. Dans ce danger menaçant, Paléologue s’empressa de souscrire le symbole et d’implorer la protection du pape, qui se montra alors véritablement un ange de paix et le père commun des chrétiens. Sa voix enchaîna la valeur et l’épée de Charles d’Anjou, et les ambassadeurs grecs l’aperçurent qui, profondément blessé du refus qui lui avait été fait de permettre son entreprise et de consacrer ses armes, mordait de fureur son sceptre d’ivoire dans l’antichambre du pontife romain. Il paraît que ce prince respecta la médiation désintéressée

  1. Ducange, Hist. C. P. ; l. V, c. 49-56 ; l. VI, c. 1-13. Voy. Pachymères, l. IV, c. 29 ; l. V, c. 7-10, 25 ; l. VI, c. 30-32, 33, et Nicéphore Grégoras, l. IV, 5 ; l. V, l. 6.