Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.

La suprématie du pape paraissait plus facile à concevoir, mais plus pénible à confesser. Cependant Michel représentait aux moines et aux prélats qu’ils pouvaient consentir à considérer l’évêque de Rome comme le premier des patriarches ; et que, dans un pareil éloignement, leur prudence saurait bien garantir les libertés de l’Église d’Orient des fâcheuses conséquences du droit d’appel. Paléologue protesta qu’il sacrifierait son empire et sa vie plutôt que de céder le moindre article de foi orthodoxe ou d’indépendance nationale ; et cette déclaration fut scellée et ratifiée par une bulle d’or. Le patriarche Joseph se retira dans un monastère, pour se décider, selon l’événement du traité, soit à abandonner son siége, soit à y remonter ; l’empereur, son fils Andronic, trente-cinq archevêques et évêques métropolitains et leurs synodes signèrent les lettres d’union et d’obéissance, et on grossit la liste du nom de plusieurs des diocèses anéantis par l’invasion des infidèles. Une ambassade composée de ministres et de prélats de confiance, dont les ordres secrets autorisaient et recommandaient une complaisance sans bornes, s’embarqua pour l’Italie, portant des parfums et des ornemens précieux pour l’autel de Saint-Pierre. Le pape Grégoire X les reçut dans le concile de Lyon à la tête de cinq cents évêques[1]. Il versa des larmes

    du concile de Lyon, et semble croire que les papes résidaient toujours à Rome ou dans l’Italie (l. V, c. 17-21).

  1. Voyez les Actes du concile de Lyon dans l’année 1274,