Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/19

Cette page a été validée par deux contributeurs.

que ceux de païens ou d’infidèles. Au lieu d’inspirer de la confiance par la conformité du culte et de la foi, les Francs étaient abhorrés des Grecs pour quelques règles de discipline ou quelques questions de théologie, dans lesquelles ils différaient eux ou leur clergé, de l’Église orientale. Dans la croisade de Louis VII, les prêtres grecs lavèrent et purifièrent un autel souillé par le sacrifice qu’y avait offert un prêtre français. Les compagnons de Frédéric-Barberousse déplorent les insultes et les mauvais traitemens qu’ils ont éprouvés, particulièrement des évêques et des moines. Ceux-ci, dans leurs prières et leurs sermons, animaient le peuple contre des Barbares impies ; et le patriarche est accusé d’avoir déclaré que les fidèles pouvaient obtenir la rémission de tous leurs péchés en exterminant les schismatiques[1]. Un enthousiaste, nommé Dorothée, alarma

  1. Son historien anonyme (De expedit. Asiat. Fred. I, in Canisii Lection. antiq., t. III, part. II, p. 511, édit. de Basnage) cite les sermons du patriarche grec : Quomodo Græcis injunxerat in remissionem peccatorum Peregrinos occidere et delere de terra. Tagino observe (in Scriptores Freher, t. I, p. 409, édit. de Struv.) : Græci hæreticos nos appellant : clerici et monachi dictis et factis persequuntur. Nous pouvons ajouter la déclaration de l’empereur Baudouin, quinze ans après : Hæc est (gens) quæ Latinos omnes non hominum nomine ; sed canum dignabatur, quorum sanguinem effundere pene inter merita reputabant. (Gesta Innocent III, c. 92, in Muratori, Script. rerum Italicar., t. III, part. I, p. 536). Il peut y avoir quelque exagération, mais elle n’en