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naires ; sa dépense personnelle n’excédait jamais trois pièces d’or par jour, mais son ambition le rendait avide et prodigue ; et ses dons tiraient un nouveau prix de l’affabilité de ses manières et de sa conversation. L’amour que lui portaient le peuple et les soldats excita les inquiétudes de la cour ; et Michel échappa trois fois au danger qu’il courut par son imprudence ou par celle de ses partisans. 1o. Sous le règne de Vatacès et de la justice, il s’éleva une dispute entre deux officiers[1], dont l’un accusait l’autre de soutenir le droit héréditaire des Paléologue. La contestation fut décidée d’après la jurisprudence nouvellement empruntée des Latins, par un combat singulier. L’accusé succomba, mais persista toujours à se déclarer seul coupable, et affirma que son patron n’avait point approuvé ses propos imprudens ou criminels, dont il n’était pas même instruit. Cependant des soupçons pesaient sur le connétable ; les murmures de la malveillance le poursuivaient partout, et l’archevêque de Philadelphie, adroit courtisan, le pressa d’accepter le jugement de Dieu, et de se justifier par l’épreuve du feu[2]. Trois jours avant

  1. Acropolita (c. 50) raconte les circonstances de cette curieuse aventure, qui semble avoir échappé aux historiens plus modernes.
  2. Pachym. (l. I, c. 12), qui parle de cette épreuve barbare avec le mépris qu’elle mérite, affirme que dans sa jeunesse il a vu plusieurs personnes s’en tirer sans accident. Il était Grec, et par conséquent crédule ; mais l’esprit ingénieux des Grecs leur avait peut-être fourni quelque remède