Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/17

Cette page a été validée par deux contributeurs.

lettre violente, d’éviter et d’abhorrer les erreurs des Latins. La naissante majesté du pontife romain ne put souffrir l’insolence d’un rebelle ; et Michel-Cérularius fut publiquement excommunié par ses légats au milieu de Constantinople. [Les papes excommunient le patriarche de Constantinople et les Grecs. A. D. 1054, 16 juillet.]Secouant la poussière de leurs pieds, ils déposèrent, sur l’autel de Sainte-Sophie, un anathème[1] terrible qui détaillait les sept mortelles hérésies des Grecs, et dévouait leurs coupables prédicateurs et leurs infortunés sectaires à l’éternelle société du démon et de ses anges de ténèbres. La concorde parut quelquefois se rétablir : selon que l’exigeaient les besoins de l’Église et de l’état, on affecta de part et d’autre le langage de la douceur et de la charité ; mais les Grecs n’ont jamais abjuré leurs erreurs, les papes n’ont point révoqué leur sentence ; et l’on peut dater de cette époque la consommation du schisme de l’Orient. Il s’augmenta de chacune des entreprises audacieuses des pontifes romains. Les malheurs et l’humiliation des souverains de l’Allemagne firent rougir et trembler les empereurs de Constantinople, et le peuple se scandalisa de la puissance temporelle et de la vie militaire du clergé latin[2].

  1. Voyez cet anathème dans les Conciles, t. XI, p. 1457-1460.
  2. Anne Comnène (Alexiad., l. I, p. 31-33) peint l’horreur, non-seulement de l’Église, mais de la cour, pour Grégoire VII, les papes et la communion romaine. Le style de Cinnamus et de Nicétas est encore plus véhément. Com-