Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/162

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ne fut qu’après une opiniâtre contestation qu’ils cédèrent au fief d’Arundel la première place dans le parlement d’Angleterre. Les Courtenai contractèrent des alliances avec les plus illustres familles, les Veres, les Despenser, les Saint-John, les Talbot, les Bohun, et même avec les Plantagenet. Dans une querelle avec Jean de Lancastre, un Courtenai, évêque de Londres, et depuis archevêque de Cantorbery, montra une confiance profane dans le nombre et la puissance de sa famille et de ses alliés. En temps de paix, les comtes de Devon vivaient dans leurs nombreux châteaux et manoirs de l’Occident : ils employaient leur immense revenu à des actes de dévotion et d’hospitalité ; et l’épitaphe d’Édouard, qu’une infirmité a fait connaître sous le nom de l’Aveugle, et que ses vertus ont fait nommer le Bon, présente avec ingénuité une sentence de morale dont pourrait cependant abuser une imprudente générosité. Après une tendre commémoration de cinquante-cinq ans d’union et de bonheur qu’il avait passés avec son épouse Mabel, le bon comte parle ainsi du fond de son tombeau :

What we gave, we have ;
What we spent, we had ;
What we left, we lost
[1].

Ce qu’ai donné me semble avoir encor ;

  1. Cleaveland, p. 142. Quelques-uns l’atribuent à un Rivers, comte de Devon ; mais ce style anglais paraît plutôt appartenir au quinzième siècle qu’au treizième.