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prince grec, pas un pouce de terre. Si votre maître désire la paix, qu’il me paye pour tribut annuel le produit des douanes de Constantinople ; à ce prix, je puis lui permettre de régner ; son refus sera le signal de la guerre. Je ne manque point d’expérience militaire, et je me fie de l’événement à Dieu et à mon épée[1]. » Il fit le premier essai de ses armes contre le despote d’Épire. Sa victoire fut suivie d’une défaite, et si dans les montagnes d’Épire le pouvoir des Lange ou Comnène résista à ses efforts et survécut à son règne, la captivité de Villehardouin, prince d’Achaïe, priva les Latins du plus actif et du plus puissant vassal de leur monarchie expirante. Les républiques de Gênes et de Venise, engagées dans leur première guerre navale, se disputaient l’empire de la mer et le commerce de l’Orient. L’orgueil et l’intérêt attachaient les Vénitiens à la défense de Constantinople : leurs rivaux offrirent leurs secours à ses ennemis ; et l’alliance des Génois avec le conquérant schismatique, provoqua l’indignation de l’Église latine[2].

  1. George Acropolita, c. 78, p. 89, 90, édit. de Paris.
  2. Les Grecs, honteux d’un secours étranger, dissimulèrent l’alliance des Génois et les secours qu’ils en reçurent ; mais le fait est prouvé par le témoignage de Jean Villani (Chron., l. VI, c. 71 ; dans Muratori, Script. rer. ital., t. XIII, p. 202, 203), et Guillaume de Nangis (Annales de Saint-Louis, p. 248, dans le Joinville du Louvre), deux étrangers désintéressés ; Urbain IV menaça de priver Gênes de son archevêque.