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plaudirent à une action féroce[1] que Robert, comme prince ou comme homme, ne pouvait pas pardonner. Il s’échappa de sa coupable capitale et courut implorer la justice ou la compassion des pontifes romains : le pape l’exhorta froidement à retourner dans son royaume ; mais avant de pouvoir se rendre à ce conseil, il succomba sous le poids de la douleur, de la honte et d’un ressentiment impuissant[2].

Baudoin II et Jean de Brienne, empereurs de Constantinople. A. D. 1228-1237.

Le siècle de la chevalerie est le seul dans lequel la valeur ait pu élever de simples particuliers sur les trônes de Jérusalem et de Constantinople. La souveraineté titulaire de Jérusalem appartenait à Marie, fille d’Isabelle et de Conrad de Monferrat, et petite-fille d’Alméric ou d’Amauri. La voix publique et le jugement de Philippe Auguste lui avaient donné pour époux Jean de Brienne, d’une famille noble de la Champagne, désigné comme le plus brave défenseur de la Terre-Sainte[3]. Dans la cinquième croisade,

  1. Marin Sanut (Secreta fidelium crucis, l. II, part. IV, c. 18, p. 73) est si enchanté de cette scène sanglante, qu’il la transcrit en marge comme bonum exemplum. Cependant il reconnaît la demoiselle pour femme légitime de Robert.
  2. Voyez le règne de Robert dans Ducange, Hist. de C. P., l. III, c. 1-12.
  3. Rex igitur Franciæ, deliberatione habita respondit nuntiis, se daturum hominem Syriæ partibus aptum ; in armis probum (preux), in bellis securum, in agendis providum, Johannem comitem Brennensem (Sanut, Secret. fidel., l. III, part. XI, c. 4, p. 205 ; Matthieu Paris, p. 159).