Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 12.djvu/124

Cette page a été validée par deux contributeurs.

[Sa captivité et sa mort. A. D. 1217-1219.] furent arrêtés à l’issue d’un banquet ; et les troupes françaises, sans chef et sans ressource, mirent bas les armes, sous la promesse trompeuse d’être nourries et traitées avec humanité. Le Vatican lança ses foudres sur l’impie Théodore, et le menaça de la vengeance de la terre et du ciel. Mais les clameurs du pape n’avaient pour objet que son légat ; il oublia l’empereur captif et ses soldats, et pardonna au despote d’Épire ou plutôt le protégea dès qu’il eut délivré le légat, et promis l’obéissance spirituelle au pontife romain. Des ordres absolus d’Honorius réprimèrent l’ardeur des Vénitiens et celle du roi de Hongrie ; et une mort[1], soit naturelle, soit violente, termina seule la captivité de l’infortuné Pierre de Courtenai[2].

Robert, empereur de Constantinople. A. D. 1221-1228.

La longue incertitude de son sort, la présence de la souveraine légitime Yolande, son épouse ou sa veuve, firent différer l’élévation d’un nouvel empereur. Avant de mourir, et au milieu de la douleur, cette princesse mit au monde un fils qui reçut le

  1. Acropolita (c. 14) affirme que Pierre de Courtenai périt par l’épée (εργον μαχαιρας γενεσθαι) ; mais ses expressions obscures me font présumer qu’il avait auparavant été en captivité, ως παντασ αρδην δεσμωτας ποιησαι συν πασισκευεσι. La Chronique d’Auxerre diffère la mort de l’empereur jusqu’en 1219, et Auxerre est dans les environs de Courtenai.
  2. Voyez le règne et la mort de Pierre de Courtenai dans Ducange (Hist. de C. P., l. II, c. 22-28), qui fait de faibles efforts pour excuser Honorius III de son indifférence sur le sort de l’empereur.