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Le fils qui lui succéda, et dont on ignore le nom, n’est connu que comme le vassal du sultan, qu’il suivait à la guerre avec deux cents lances. Ce prince Comnène n’était que duc de Trébisonde ; ce fut le petit-fils d’Alexis qui, déterminé par l’orgueil et la jalousie, prit le titre d’empereur. Dans la partie occidentale de l’empire, Michel, bâtard de la maison des Lange, et connu avant la révolution comme otage, soldat et rebelle, sauva un troisième fragment du naufrage. Après s’être évadé du camp de Boniface, il obtint, par son mariage avec la fille du gouverneur de Durazzo, la possession de cette ville importante ; il prit le titre de despote, et fonda une principauté puissante dans l’Épire, l’Étolie et la Thessalie, qui ont toujours été peuplées d’une race belliqueuse. Ceux des Grecs qui avaient offert leurs services aux Latins, leurs nouveaux souverains, furent refusés par ces souverains orgueilleux, et exclus[1] de tous les honneurs civils et militaires, comme des hommes nés pour obéir et trembler. Leur ressentiment les excita à prouver, en devenant des ennemis dangereux, qu’on aurait pu trouver en eux des amis utiles. L’adversité avait endurci leur courage, et tous les citoyens distingués par leur savoir ou leur vertu, leur valeur ou leur

  1. Nicétas fait un portrait des Français-Latins, où l’on reconnaît partout la touche du ressentiment et des préjugés : ο‌υδεν των αλλων εθνων εις Αρεος εργα παρασυβεβλησδαι ηνειχοντο, αλλ’ ο‌υδε τις των χαριτων η των μο‌υσων παρα τοις βαρβαροις το‌υτοις εϖεξνιζετο, και παρα το‌υτο οιμαι την φυσιν ησαν ανημεροι, και τον χολον ειχον το‌υ λογο‌υ προτρεχοντα.