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femmes d’un rang moins élevé, de vingt-deux domestiques ou ministres, et de quarante-deux négocians qui formaient son cortége. De retour à Kiow et à Novogorod, elle demeura attachée à sa nouvelle religion ; mais ses efforts pour propager l’Évangile n’eurent point de succès ; et, soit opiniâtreté, soit indifférence, sa famille et son peuple restèrent attachés aux dieux de leurs ancêtres. Swatoslas, son fils, craignit le mépris et le ridicule de ses compagnons, et Wolodimir, son petit-fils, se livra avec tout le zèle de la jeunesse au soin de multiplier et de décorer les monumens de l’ancien culte de la Russie. C’était encore par des sacrifices humains que les peuples du Nord cherchaient à fléchir leurs farouches divinités ; et dans le choix de la victime, on préférait un citoyen à un étranger, un chrétien à un idolâtre : et le père qui arrachait son fils au couteau des prêtres périssait avec lui victime de la rage d’une multitude fanatique. Toutefois les leçons et l’exemple de la pieuse Olga avaient fait une impression secrète, mais profonde sur l’esprit du prince et celui du peuple ; les missionnaires grecs continuaient à prêcher, à se disputer et à baptiser des convertis ; et les ambassadeurs, les négocians russes comparaient leur idolâtrie grossière avec le culte plus élégant de Constantinople. Ils avaient admiré l’église de Sainte-Sophie, les tableaux animés où se voyait représentée la vie des saints et des martyrs, les richesses de l’autel, la multitude des prêtres et leurs magnifiques vêtemens, la pompe et le bon ordre des