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l’époque de l’établissement du christianisme en Russie[1]. Une femme, peut-être des dernières classes de la société, qui, comme Olga, avait su venger la mort et saisir le sceptre d’Igor son mari, devait être douée de ces vertus actives qui inspirent la crainte à des barbares, et les déterminent à la soumission. Dans un moment où sa nation jouissait de la paix au dedans et au dehors, elle se rendit de Kiow à Constantinople ; [Baptême d’Olga. A. D. 955.]l’empereur Constantin Porphyrogenète la reçut dans son palais, et il a décrit minutieusement le cérémonial de cette réception : on eut soin, autant que le permettait le respect dû à la pourpre, de disposer les détails de l’étiquette, les titres, les salutations, les banquets et les présens, de manière à satisfaire la vanité de la princesse étrangère[2]. Elle prit sur les fonts de baptême le nom révéré de l’impératrice Hélène. Il paraît que sa conversion fut précédée ou suivie de celle de son oncle, de deux interprètes, de seize dames, de dix-huit

  1. Les détails les plus complets que nous ayons sur la religion des Slaves et la conversion de la Russie, sont ceux que, dans l’Hist. de Russie (t. I, p. 35, 54, 59-92, 93, 113-121, 124-129, 148, 149, etc.), M. Lévesque nous a donnés d’après les anciennes Chroniques et les observations faites par les modernes.
  2. Voyez le Cerem. aulæ byzant., t. II, c. 15, p. 343-345 : il appelle Olga ou Elga Αρχοντισσα Ρωσιας. Les Grecs, pour désigner la souveraine des Russes, employaient le titre d’un magistrat d’Athènes avec une terminaison féminine qui aurait étonné l’oreille de Démosthène.