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Kiow[1], les deux capitales, existent dès les premiers temps de la monarchie. Novogorod n’avait pas encore obtenu le surnom de Grande : elle n’était pas encore alliée de la ligue anséatique, qui, avec les richesses, a répandu en Europe les principes de la liberté. Kiow ne s’enorgueillissait pas encore de ses trois cents églises, de cette population innombrable, et de ce degré de grandeur et d’éclat qui la firent ensuite comparer à Constantinople par ceux qui n’avaient jamais vu la résidence des Césars. Les deux villes ne furent d’abord que des camps ou des foires, seuls moyens que connussent les Barbares de se réunir pour des opérations de guerre ou de commerce. Ces assemblées toutefois annoncent quelque progrès dans la civilisation. On tira des provinces méridionales une nouvelle race de bêtes à corne, et l’esprit de commerce se répandit sur terre et sur mer, de la Baltique à l’Euxin, et de l’embouchure de l’Oder au port de Constantinople. Sous le règne du paganisme et de

    (en 1635) les restes de Novogorod, et la route que firent par mer et par terre les ambassadeurs du Holstein (t. I, p. 123-129).

  1. In hâc magnâ civitate, quæ est caput regni, plus trecentæ Ecclesiæ habentur et nundinæ octo, populi etiam ignota manus (Eggehardus, ad A. D. 1018, apud Bayer, t. IX, p. 412) ; il cite aussi (t. X, p. 397) les paroles de l’annaliste saxon : Cujus (Russiæ) metropolis est Chive, æmula sceptri Constantinopolitani, quæ est clarissimum decus Græciæ. Kiow était connue, surtout au onzième siècle, des géographes allemands et arabes.