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entreprit et exécuta souvent des courses jusqu’aux portes de Thessalonique et de Constantinople. À cette époque désastreuse des neuvième et dixième siècles, l’Europe se vit assaillie du côté du nord, du côté de l’orient et du côté du midi ; plusieurs cantons furent ravagés tour à tour par les Normands, les Hongrois et les Sarrasins, et Homère aurait pu comparer ces sauvages ennemis à deux lions grondant sur le corps déchiré d’un cerf[1].

Victoire de Henri l’Oiseleur. A. D. 934.

L’Allemagne et la chrétienté durent leur délivrance à deux princes saxons, Henri l’Oiseleur et Othon-le-Grand, qui, dans deux batailles mémorables, abattirent pour toujours la puissance des Hongrois[2]. Le brave Henri était malade lorsqu’il apprit la nouvelle de l’invasion ; oubliant sa faiblesse, il se mit à la tête des troupes ; son esprit conservait toute sa vigueur, et ses mesures furent suivies du succès. « Mes camarades, dit-il à ses soldats le matin du combat, gardez vos rangs, recevez sur vos boucliers les premiers traits des païens, et avant qu’ils

  1. — λεονθ’ ως δηρινθητην
    Οτ ουρεος κορυφησι περι κταμενης ελαφοιο
    Αμφω πειναοντε μεγα φρονεοντε μαχεσ‌τθον.

  2. Katona (Hist. ducum, p. 360, 368, 427, 470) discute longuement ce qui a rapport à ces deux batailles. Luitprand l. II, c. 8, 9) offre le témoignage le plus sûr sur la première, et Witichin (Annal. saxon., l. III) sur la seconde ; mais l’historien critique ne passera pas sous silence le cornet d’un guerrier, conservé, dit-on, à Jaz-Berin.