Page:Gibbon - Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, traduction Guizot, tome 11.djvu/61

Cette page a été validée par deux contributeurs.

semblaient dans leur vie pastorale et militaire, qu’elles employaient toutes les mêmes moyens de subsistance, et faisaient usage des mêmes instrumens de destruction ; mais il ajoute que les deux nations des Bulgares et des Hongrois étaient supérieures aux autres et se ressemblaient par les grossiers perfectionnemens qui se faisaient remarquer dans leur discipline et leur gouvernement : cette affinité détermine Léon à confondre ses amis et ses ennemis dans un même tableau, qui reçoit encore de l’énergie de quelques traits empruntés aux auteurs contemporains. Si l’on excepte les prouesses et la gloire militaire, ces Barbares jugeaient vil et digne de mépris tout ce qu’estiment les hommes : l’orgueil du nombre et le sentiment de la liberté excitaient encore leur violence naturelle. Leurs tentes étaient de cuir ; ils se couvraient de fourrures ; ils coupaient leurs cheveux et se tailladaient le visage ; ils parlaient avec lenteur ; ils agissaient avec promptitude ; ils violaient effrontément les traités : ainsi que tous les Barbares, trop ignorans pour sentir l’importance de la vérité, et trop orgueilleux pour nier ou pallier l’infraction à leurs engagemens les plus solennels. On a loué leur simplicité, mais ils ne s’abstenaient que d’un luxe qu’ils ne connaissaient point ; ils convoitaient tout ce qui frappait leurs regards ; insatiables dans leurs désirs, ils n’avaient d’industrie que celle du brigandage et du vol. Cette peinture d’une nation de pasteurs renferme tout ce qu’on pourrait donner de détails plus étendus sur les mœurs, le gouvernement