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les lumières d’une sage critique, et ne peuvent plus se laisser amuser par une vaine généalogie qui les fait descendre d’Attila et des Huns ; mais ils s’affligent de ce que leurs premières archives ont péri dans la guerre des Tartares ; en sorte qu’on a oublié dès long-temps le sens vrai ou fabuleux de leurs chansons rustiques, et qu’on est réduit à concilier péniblement les restes d’une chronique grossière[1] avec les détails publiés par l’empereur qui a écrit sur l’administration et la géographie de l’empire grec[2]. Magiar était le véritable nom des Hon-

    Hungarorum, etc. Vienne, 1775, in-folio) et Étienne Katona (Hist. critica ducum et regum Hungariæ stirpis Arpadianæ, Pest, 1778-1781, 5 vol. in-8o.). Le premier embrasse un grand intervalle sur lequel il ne peut souvent former que des conjectures. Le second, par ses lumières, son jugement et sa sagacité, mérite le nom d’un historien critique.

  1. On donne à l’auteur de cette Chronique le titre de notaire du roi Bela. Katona le place au douzième siècle, et le défend contre les accusations de Pray. Il paraît que cet annaliste grossier avait travaillé sur quelques monumens historiques, car il dit avec dignité : Rejectis falsis fabulis rusticorum, et garrulo cantu joculatorum. Ces fables ont été recueillies au quinzième siècle par Thutotzius, et embellies par l’Italien Bonfinius. Voyez le Discours préliminaire de l’Historia critica Ducum, p. 7-33.
  2. Voyez Constantin, De administrando imperio, (c. 3, p. 4, 13, 38, 42). Katona a fixé avec intelligence la date de cet ouvrage aux années 949, 950, 951 (p. 4-7). L’historien critique (p. 34-107) s’efforce de prouver l’existence et de raconter les actions du duc Almus, père d’Arpad, tacitement rejeté par Constantin.