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ques actes de courtoisie entre les deux rois, des présens de fruits et de neige, l’échange de quelques faucons de Norwége contre des chevaux arabes, adoucirent l’aigreur d’une guerre de religion. Les vicissitudes des succès purent faire soupçonner aux deux monarques que le ciel ne prenait point de part à leur querelle, et ils se connaissaient trop bien pour espérer une victoire décisive[1]. La santé de Richard et celle de Saladin déclinaient ; ils souffraient, l’un et l’autre, tous les inconvéniens attachés aux discordes civiles et aux guerres éloignées. Plantagenet brûlait de punir un rival perfide qui avait envahi la Normandie dans son absence, et l’infatigable sultan ne pouvait plus résister aux clameurs des soldats, instrumens de son zèle guerrier, et du peuple qui en était la victime. Le roi d’Angleterre demanda d’abord la restitution de Jérusalem, de la Palestine

    Bohadin (p. 207-260), qui fut lui-même acteur dans la conclusion du traité. Richard déclara son intention de revenir avec de nouvelles armées achever la conquête de la Terre Sainte, et Saladin répondit à cette menace par un compliment obligeant (Vinisauf, l. VI, c. 28, p. 423).

  1. Le récit le plus détaillé de cette guerre se trouve dans l’ouvrage original de Geoffroi de Vinisauf, Itinerarium regis Anglorum Richardi et aliorum in terram Hierosolymarum, en six volumes, publié dans le second volume de Gale (Scriptores Hist. anglicanæ, p. 247-429). Roger Hoveden et Matthieu Paris fournissent aussi d’utiles matériaux, et le premier fait connaître avec exactitude la navigation de la flotte anglaise et sa discipline.