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résistance de Tyr l’arrêta dans la carrière de la victoire ; on avait imprudemment conduit dans ce port toutes les troupes des garnisons qui avaient capitulé : elles se trouvèrent en assez grand nombre pour défendre la place, et l’arrivée de Conrad de Montferrat rétablit la confiance et l’union parmi cette multitude indisciplinée. Son père, vénérable pèlerin, avait été fait prisonnier à la bataille de Tibériade ; mais cet échec était encore ignoré dans la Grèce et en Italie, lorsque l’ambition et la piété engagèrent le fils à visiter les états de son neveu, le jeune Baudoin. La vue des étendards de Mahomet l’avertit d’éviter la côte de Jaffa ; et Conrad fut unanimement reçu comme le prince et le défenseur de Tyr qu’assiégeait déjà Saladin. La fermeté de son zèle, et peut-être la connaissance de la générosité de son ennemi, lui donnèrent la force de braver les menaces du sultan, et de déclarer que, quand même son vieux père serait exposé sur la brèche, il lancerait le premier dard et ferait gloire de descendre d’un martyr[1]. On ouvrit le port de Tyr à la flotte des Égyptiens ; mais on retendit brusquement la chaîne, et cinq galères furent prises ou coulées bas.

    (p. 1150-1172) ; dans Bongars, Abulféda (p. 43-50) et Bohadin (p. 75-179).

  1. J’ai suivi le récit le plus sage et le plus probable de ce fait. Vertot adopte sans hésiter un conte romanesque dans lequel le vieux marquis se trouve réellement exposé aux traits des assiégeans.