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vice des peuples, et n’employa jamais à la dépense de sa frugale maison que le revenu du bien qu’il avait acheté de sa part légitime du butin fait sur l’ennemi. La sultane favorite avait montré le plus vif désir d’obtenir un objet de parure. « Hélas ! lui répondit le monarque, je crains Dieu, et je ne suis que le trésorier des musulmans. Leurs richesses ne m’appartiennent pas ; mais je possède encore trois boutiques dans la ville de Hems, vous pouvez en disposer, et je ne puis donner autre chose. » Sa chambre de justice était la terreur des grands et le refuge des pauvres. Quelques années après la mort du sultan, un citoyen opprimé sortit dans la rue en s’écriant : « Ô Noureddin ! Noureddin ! qu’es-tu devenu ? Prends pitié de ton peuple, et viens le secourir. » On craignit un tumulte, et un tyran sur son trône rougit ou trembla au nom d’un monarque qui avait cessé de vivre.

Conquête de l’Égypte par les Turcs. A. D. 1163-1169.

Les armes des Turcs et celles des Francs avaient chassé les fatimites de la Syrie ; mais le déclin de leur réputation et de leur influence en Égypte eut des suites encore plus importantes. On les respectait comme les descendans et les successeurs du prophète. Renfermés invisiblement dans le palais du Caire, leur personne sacrée était rarement profanée par les regards, soit de leurs sujets, soit des étrangers. Les ambassadeurs[1] latins ont décrit la céré-

  1. D’après le récit de l’ambassadeur, Guillaume de Tyr (l. XIX, c. 17, 18) décrit le palais du Caire. On trouva dans