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indépendant de Mosul et d’Alep soumit les tribus martiales du Curdistan ; ses soldats apprirent à considérer les camps comme leur patrie, et se fièrent à sa libéralité de leurs récompenses, et à sa protection du soin de leurs familles délaissées. [Noureddin. A. D. 1145-1174.]À la tête de ces vétérans, son fils Noureddin réunit insensiblement les possessions mahométanes, ajouta le royaume de Damas à celui d’Alep, et fit avec succès une longue guerre aux chrétiens de la Syrie. Il étendit son vaste empire depuis le Tigre jusqu’au Nil ; et les Abbassides décorèrent leur fidèle serviteur du titre et des prérogatives de la royauté. Les Latins eux-mêmes admirèrent la sagesse, la valeur, et même l’équité et la dévotion de cet implacable adversaire[1]. Dans sa vie privée et dans son gouvernement, ce pieux guerrier ranima le zèle et ramena la simplicité des premiers califes : l’or et la soie furent bannis de son palais ; il défendit l’usage du vin dans ses états, appliqua scrupuleusement les revenus publics au ser-

    Latins une assez plate allusion sur son caractère sanguinaire et sur sa fin malheureuse : Fuit sanguine sanguinolentus.

  1. Noradinus (dit Guillaume de Tyr, l. XX, 33) maximus nominis et fidei christianæ persecutor ; princeps tamen justus, vafer, providus, et secundum gentis suæ traditiones religiosus. Nous pouvons ajouter à cette autorité d’un catholique, celle du primat des jacobites. (Abulpharage, p. 267), Quo non alter erat inter reges vitæ ratione magis laudabili : aut quæ pluribus justitiæ experimentis abundaret. L’éloge des rois qui mérite le plus de confiance est celui qu’ils obtiennent après leur mort de la bouche de leurs ennemis.