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Smithfield, où il finit par être consumé[1]. Le tigre n’avait pas changé de nature ; mais on lui rogna peu à peu les griffes et les dents. Le pontife romain possédait un royaume spirituel et temporel ; les docteurs protestans étaient d’humbles sujets sans revenus et sans juridiction. L’antiquité de l’Église catholique consacrait les décrets du pape ; les réformateurs soumettaient au peuple leurs raisons et leurs disputes, et cet appel au jugement de chacun fut reçu, par la curiosité et par l’enthousiasme, avec plus d’ardeur qu’ils ne l’avaient désiré eux-mêmes. Depuis les jours de Luther et de Calvin, une autre réforme n’a cessé de s’opérer en silence au sein des Églises protestantes ; elle a déjà détruit une foule de préjugés, et les disciples d’Érasme[2] ont répandu

    de l’Évangile. Α πασχοντες υφ’ ετερων οργιζεσθε, ταυτα τοις αλλοις μη τοιειτε. (*)

    (*) Gibbon n’a pas rendu exactement le sens de ce passage, qui ne renferme point la maxime de la charité, faites aux autres ce que vous voudriez qu’ils vous fissent ; mais simplement la maxime de la justice, ne faites pas aux autres ce qui vous irriterait s’ils vous le faisaient à vous-même. (Note de l’éditeur).

  1. Voyez Burnet, vol. II, p. 84-86. L’autorité du primat subjugua le bon sens et l’humanité du jeune roi.
  2. Érasme peut être regardé comme le père de la théologie rationnelle. Elle sommeillait depuis un siècle, lorsqu’elle fut remise en honneur en Hollande parmi les Arminiens, Grotius, Limborch et Le Clerc ; en Angleterre, par Chillingworth et les latitudinaires de Cambridge (Burnet, Hist. of my own Times, vol. I, p. 261-268, édit. in-8o), Tillotson, Clarke, Hoadly, etc.