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syriens ou orientaux[1] qui gémissaient sous la tyrannie du clergé. Godefroi écouta favorablement la demande raisonnable qu’ils lui firent d’être jugés suivant leurs lois nationales. On institua pour leur usage une troisième cour dont la juridiction se bornait aux affaires qu’ils pouvaient avoir entre eux. Les membres jurés devaient être nés en Syrie, en parler la langue et en professer la religion ; mais le vicomte de la ville faisait quelquefois les fonctions de président (rais en langage arabe). Les assises de Jérusalem daignent aussi s’occuper à une distance incommensurable des nobles, des bourgeois et des étrangers, des vilains et des esclaves, des paysans attachés à la glèbe et des captifs pris à la guerre, qu’on regardait presque également comme une propriété. Le soin de soulager ou de protéger ces infortunés paraissait indigne au législateur ; mais il s’occupe des moyens d’assurer la restitution des fugitifs, sans cependant prononcer contre eux des peines afflictives. Ceux qui les avaient perdus, pouvaient les réclamer, comme des chiens ou des faucons. La valeur d’un faucon et d’un esclave était la même ; mais il fallait trois esclaves ou douze bœufs pour compenser le prix d’un cheval de bataille ; et dans le siècle de la chevalerie, le prix de cet animal si

  1. Tous les lecteurs familiers avec les historiens entendront par le peuple des Syriens les chrétiens orientaux, melchites, jacobites ou nestoriens, qui avaient tous adopté l’usage de la langue arabe.