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coup d’occasions, le droit d’accorder ou de défendre le combat était réservé au juge ; mais il y avait deux cas où il devenait la suite inévitable du défi ; si un fidèle vassal démentait un de ses pairs qui formait des prétentions injustes sur quelques portions des domaines de leur commun seigneur, ou si un plaideur mécontent osait accuser l’honneur et l’équité des juges de la cour. Il le pouvait, mais sous la clause sévère et dangereuse de se mesurer dans le même jour avec tous les membres du tribunal, même avec ceux qui s’étaient trouvés absens au moment de la condamnation ; une seule défaite entraînait la peine de mort et l’infamie. Il est fort probable que personne ne s’avisait de tenter une épreuve qui ne laissait aucune espérance de la victoire. Le comte de Jaffa mérite des éloges pour avoir employé son adresse dans l’assise de Jérusalem à éluder plutôt qu’à faciliter le combat judiciaire, qu’il considère comme fondé sur les principes de l’honneur plutôt que sur ceux de la superstition[1].

Cour des bourgeoisies.

L’institution des villes et de leurs communautés municipales est une des principales causes qui ont contribué à affranchir les plébéiens de la tyrannie

  1. Pour l’intelligence de cette jurisprudence antique et obscure (c. 80-111), j’ai été puissamment aidé par l’amitié d’un savant lord, qui a examiné avec autant de soin que de lumières l’histoire philosophique des lois. Ses travaux pourront enrichir un jour la postérité ; mais le mérite du juge et de l’orateur ne peut être senti que par ses contemporains.