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maréchal[1] : ils étaient tous pairs, et juges les uns des autres ; mais tous les nobles dont les terres relevaient immédiatement de la couronne, pouvaient et devaient siéger dans la cour du roi, et ils exerçaient la même juridiction dans l’assemblée de leurs feudataires. La relation du vassal avec son seigneur était honorable et volontaire : l’un devait le respect à son protecteur, et l’autre la protection à son inférieur ; mais ils s’engageaient mutuellement leur foi, et des deux côtés l’obligation pouvait être suspendue par la négligence ou annullée par l’injure. Le clergé avait usurpé la juridiction sur les mariages et les testamens, comme matière de religion ; mais la cour suprême jugeait exclusivement toutes les affaires, civiles et criminelles des nobles, la succession et la mouvance de leurs fiefs. Chaque membre était juge et gardien du droit public et particulier : et il devait servir son seigneur de sa voix et de son épée ; mais si un supérieur injuste attentait sur la liberté ou la propriété de son vassal, les pairs de celui-ci devaient soutenir ses droits par des réclamations et par les armes. Ils affirmaient hardiment ses griefs et son innocence, exigeaient la restitution de ses terres ou de sa liberté, suspendaient en cas de déni de justice leur service personnel, délivraient leur frère

  1. Le circonspect Jean d’Ibelin conclut plutôt qu’il ne l’affirme, que Tripoli est la quatrième baronnie, et annonce quelques doutes sur les droits ou les prétentions du connétable ou maréchal (c. 323).