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l’Église[1]. Le nouveau patriarche se saisit aussitôt du sceptre acquis par le sang et les travaux des pèlerins : Godefroi et Bohémond se soumirent à recevoir de ses mains l’investiture de leurs possessions ; mais cet hommage lui parut insuffisant ; Daimbert réclama la propriété immédiate de Jaffa et de Jérusalem. Au lieu de repousser cette prétention par un refus franc et positif, le héros négocia avec le prêtre ; l’Église obtint un quart des deux villes, et le modeste prélat se contenta de la réversion éventuelle du reste, en cas que Godefroi mourût sans enfans, ou que, par la conquête du Caire ou de Damas, il se trouvât en possession d’un nouveau royaume.

Le royaume de Jérusalem. A. D. 1099-1187.

Sans Cette bonté de l’évêque, le conquérant se serait trouvé à peu près dépouillé de son royaume naissant, qui ne comprenait que Jérusalem, Jaffa et une vingtaine de villes ou villages des environs[2] ; encore les mahométans possédaient-ils, dans ce faible district, plusieurs forteresses imprenables ; et les laboureurs, les marchands et les pèlerins étaient exposés sans cesse à leurs hostilités. Les exploits de Godefroi, ceux des deux Baudouin,

  1. Voyez les réclamations du patriarche Daimbert, dans Guillaume de Tyr (l. IX, c. 15-18 ; l. X, c. 4, 7, 9), qui soutient avec une étonnante bonne foi l’indépendance des conquérans et des rois de Jérusalem.
  2. Guill. de Tyr (l. X, p. 19), l’Historia Hierosolymitana de Jacques de Vitry (l. I, c. 21-50), et les Secreta Fidelium Crucis, de Marin Sanut (l. III, p. 1), font connaître l’état et les conquêtes du royaume latin de Jérusalem.