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qui leur accordèrent le passage et promirent de suivre le sort de Jérusalem. De Césarée ils s’avancèrent dans le milieu du pays. Les clercs reconnurent la géographie sacrée de Lydda, Ramla, Emaüs et Bethléem ; et aussitôt qu’ils eurent découvert la sainte cité, les croisés oublièrent leurs travaux et réclamèrent leur récompense[1].

Siége et conquête de Jérusalem. A. D. 1099. Juin 7. Juillet 15.

Jérusalem a tiré quelque éclat du nombre et de la difficulté de ses mémorables siéges. Ce ne fut qu’après de longs et sanglans combats, que Babylone et Rome triomphèrent de l’obstination du peuple et des obstacles que leur opposait un terrain tel par ses escarpemens, qu’il pouvait dispenser de toute autre fortification, et des murailles garnies de tours capables de défendre la plaine la plus accessible[2]. Dans le siècle des croisades, une partie de ces obstacles n’existait plus ; les remparts, totalement détruits, avaient été imparfaitement réparés ; les Juifs et leur culte en étaient bannis pour toujours, mais la nature ne change point avec les hommes ; et la position de Jérusalem, bien que les abords en fussent un peu

  1. On trouve la plus grande partie de la marche des Francs soigneusement tracée dans le Voyage de Maundrell d’Alep à Jérusalem (p. 11-67), un des meilleurs morceaux sans contredit qu’on ait dans ce genre (d’Anville, Mémoire sur Jérusalem, p. 27).
  2. Voyez l’admirable Description de Tacite (Hist. V, 11, 12, 13), qui prétend que les législateurs des Juifs avaient eu pour but de mettre leur peuple en état d’hostilité perpétuelle avec le reste du genre humain.