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hasard ou un stratagème, ou le bruit d’un miracle, vint encore ajouter à sa puissante énergie. [Guerriers célestes.]Trois chevaliers vêtus de blanc et couverts d’armes brillantes, sortirent ou semblèrent sortir des montagnes : Adhémar, le légat du pape, s’écria que c’étaient les martyrs saint George, saint Théodore et saint Maurice. Le tumulte du combat ne laissa ni le temps du doute ni celui de l’examen, et cette apparition favorable éblouit les yeux et l’imagination d’une armée de fanatiques. Dans les momens du danger et de la victoire, la révélation de Barthélemi de Marseille fut unanimement adoptée ; mais dans le calme qui les suivit, la dignité personnelle et la quantité d’aumônes que la garde de la sainte lance procurait au comte de Toulouse, excitèrent l’envie et réveillèrent la raison de ses rivaux. Un clerc de Normandie osa examiner philosophiquement la vérité de la légende, les circonstances de la découverte et la réputation du prophète, et le pieux Bohémond attribua exclusivement la délivrance des croisés au mérite et à l’intercession de Jésus-Christ. Les clameurs et les armes des Provençaux défendirent pendant quelque temps leur palladium national, et de nouvelles visions annoncèrent la mort et la damnation des sceptiques impies qui oseraient sonder le mérite ou la vérité de la découverte : mais l’incrédulité prévalut et força Barthélemi à soumettre

    pharage. La princesse grecque confond cette lance avec un clou de la croix (l. XI, p. 326), et le primat jacobite avec le bâton de saint Pierre (p. 242).