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grec ou arménien à qui les Turcs permettaient de régner sur les chrétiens d’Édesse, appela Baudouin à son secours. Le Normand accepta le titre de son fils et de son champion ; mais dès qu’il fut introduit dans la ville, il excita le peuple à massacrer son père, s’empara du trône et des trésors, étendit ses conquêtes dans les montagnes d’Arménie et dans les plaines de Mésopotamie, et fonda la première principauté des Francs ou Latins, qui subsista cinquante-quatre ans au-delà de l’Euphrate[1].

Siége d’Antioche. A. D. 1097. A. D. 1097. Octobre 21. A. D. 1098. Juin 3.

L’été et l’automne se passèrent entièrement avant que les Francs pussent pénétrer dans la Syrie. On débattit fortement dans leur conseil si l’on entreprendrait le siége d’Antioche, ou si l’on séparerait l’armée pour la laisser reposer durant l’hiver. L’amour des armes et le désir de délivrer le Saint-Sépulcre l’emportèrent, et leur résolution était peut-être conforme à la prudence, puisqu’il est constant que chaque instant de délai diminue la terreur et la force d’une invasion, et multiplie les ressources d’une guerre défensive. La capitale de la Syrie était défendue par le fleuve de l’Oronte et par le pont de fer, pont de neuf arches, qui tire son nom de ses portes massives et de deux tours construites à cha-

    collections de Bongars, Duchesne et Martenne (Esprit des Croisades, t. I, p. 13, 14). Dans les querelles de ce prince avec Tancrède, on peut opposer sa partialité à celle de Radulphus Cadomensis, le soldat et l’historien du vaillant marquis.

  1. Voyez de Guignes, Hist. des Huns, t. I, p. 456.