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Godefroi fit sonner les trompettes, força un passage, couvrit la plaine de son armée et insulta les faubourgs de Constantinople ; mais il n’était pas aisé de rompre les portes de la ville ou d’escalader des remparts garnis de soldats. Après un combat douteux, les deux partis écoutèrent la voix de la paix et de la religion. Les dons et les promesses de l’empereur adoucirent insensiblement la violence des Occidentaux : comme guerrier chrétien, Alexis tâcha de ranimer le zèle de la sainte entreprise, et promit de la seconder de ses troupes et de ses trésors. Au retour du printemps, Godefroi consentit à occuper dans l’Asie un camp commode et bien approvisionné ; et dès qu’il eut traversé le Bosphore, les vaisseaux grecs revinrent sur la rive opposée. On usa successivement de cette politique avec tous les chefs, séduits par l’exemple de ceux qui les avaient devancés et affaiblis par leur départ. Alexis, par ses soins et son adresse, évita ainsi la jonction des deux armées sous les murs de Constantinople, et, avant la fête de la Pentecôte, il ne restait pas un seul des croisés sur la côte d’Europe.

Il obtient l’hommage des croisés.

Ces armées, qui menaçaient l’Europe, auraient pu

    bysès, qui est très-profonde en été, et qui coule, durant un espace d’environ quinze milles, au milieu d’une prairie unie et découverte : elle communique à Constantinople et à l’Europe par le pont de pierre de Blachernæ, qui fut rétabli par Justinien et Basile. (Gyllius, De Bosphoro Thracio, l. II, c. 3 ; Ducange, C. P. Christiana, l. IV, c. 2, p. 179.)