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impétueux d’une telle charge. Chaque chevalier était accompagné sur le champ de bataille de son fidèle écuyer, jeune homme presque toujours d’une naissance égale à la sienne, et qui faisait à ses côtés le noviciat de la chevalerie. Ses archers et ses hommes d’armes marchaient à sa suite, et il fallait toujours quatre, cinq à six soldats pour composer une lance complète. Le service féodal n’obligeait point aux expéditions étrangères ou de la Terre-Sainte. Ou n’obtenait alors le service volontaire des chevaliers et de leur suite, que de leur zèle et de leur attachement, ou bien par des récompenses et des promesses. Leur nombre était en proportion de la puissance, des richesses et de la réputation de chaque chef indépendant ; ils se distinguaient par leur bannière, leurs armoiries et leur cri de guerre ; et c’est dans le récit de ces anciens exploits que les plus anciennes familles de l’Europe trouvent ou cherchent l’origine et les preuves de leur noblesse antique. Ce tableau abrégé de la chevalerie m’a fait anticiper sur l’histoire des croisades, qui furent en même temps l’effet et la cause de cette institution[1].

  1. On trouvera dans les Œuvres de Selden (t. III, part. I, les titres d’honneur ; part. II, c. 1-3, 5-8) de très-grands détails sur la chevalerie, le service des chevaliers, la noblesse, le cri de guerre, les bannières et les tournois. Voyez aussi Ducange (Gloss. lat., t. IV, p. 398-412, etc.), Diss. sur Joinville (l. VI-XII, p. 127-142, 165-222) ; et les Mémoires de M. de Sainte-Palaye sur la Chevalerie.