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dans toutes les occasions périlleuses l’honneur de la chevalerie, dont l’abus introduisit bientôt parmi les chevaliers le mépris des arts pacifiques et de l’industrie. Ils se regardèrent comme les juges et les vengeurs de leurs injures, et rejetèrent également les lois de la société civile et de la discipline militaire. On a cependant éprouvé d’une manière bien sensible, et l’on a souvent remarqué les heureux effets de cette institution pour adoucir le caractère des Barbares, et leur inspirer des principes de bonne foi, de justice et d’humanité. Les préjugés nationaux s’effacèrent insensiblement, et la fraternité d’armes et de religion répandit l’uniformité et l’émulation parmi les chrétiens. Les guerriers de toutes les nations s’associaient continuellement au dehors pour des pèlerinages, dans l’intérieur pour des entreprises ou des exercices militaires ; et un juge impartial doit donner la préférence aux tournois des Goths sur les jeux olympiques, si fameux dans l’antiquité[1]. Au lieu des spectacles indécens qui corrompaient les mœurs des Grecs et bannissaient du stadium les vierges et les matrones, de chastes et

  1. Les exercices des athlètes, principalement le ceste et le pancrace, ont été blâmés par Lycurgue, Philopœmen et Galien, c’est-à-dire par un législateur, un général et un médecin ; en réponse à leur censure, le lecteur peut voir l’apologie qu’en a donnée Lucien dans l’éloge de Solon. Voyez West, sur les jeux olympiques, dans son Pindare, vol. II, p. 86-96, 245-248.