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dans cette entreprise plutôt qu’il ne marcha sous ses ordres. Le caractère accompli de Tancrède réunit toutes les vertus d’un parfait chevalier[1], le véritable esprit de la chevalerie, qui inspirait au guerrier des sentimens de bienfaisance et de générosité, bien préférables à la méprisable philosophie et à la dévotion encore plus méprisable de ce temps.

Chevalerie.

Dans l’intervalle du siècle de Charlemagne aux croisades, il s’était fait chez les Espagnols, les Normands et les Français une révolution qui s’étendit rapidement dans toute l’Europe ; on abandonna le service de l’infanterie aux plébéiens. La cavalerie devint la force des armées, et le nom honorable de miles ou soldat fut réservé aux gentilshommes[2],

    inconnue ; mais Muratori présume avec assez de probabilité qu’il était Italien, et peut-être de la race des marquis de Montferrat dans le Piémont. (Script., t. V, p. 281, 282.)

  1. Pour satisfaire la vanité puérile de la maison d’Est, le Tasse a inséré dans son poëme et dans la première croisade un héros fabuleux, le vaillant et amoureux Renaud (X, 75 ; XVII, 66-94) ; il a pu emprunter son nom à un Renaud, décoré de l’Aquila bianca estense, qui vainquit l’empereur Frédéric Ier (Storia imperiale di Ricobaldo, dans Muratori, Script. ital., t. IX, p. 360 ; Arioste, Roland-le-Furieux, III, 30) ; mais 1o. la distance de soixante ans entre la jeunesse des deux Renaud détruit l’identité ; 2o. la Storia imperiale est une invention du comte Boyardo, à la fin du quinzième siècle (Muratori, p. 281-289) ; 3o. ce Renaud et ses exploits ne sont pas moins fabuleux que ceux du Tasse. (Muratori, Antichitâ Estensi, t. I, p. 350.)
  2. On produit deux étymologies du mot gentilis, gen-